Fenêtre sur âmes

L’air était soudainement devenu plus frais, assombrissant la plaine et rendant puissance au vent dans les feuillages. La nature était si vivante que l’on en devinait presque tout un monde invisible.

Le trajet avait été long. Durant ces quelques heures, j’avais déposé mes repères, mes habitudes, mon cadre, mes êtres aimés. Je n’avais pas encore freiné ma course, celle du corps et de l’esprit en quête de sens, en quête de vie.

Partir en retraite, c’était s’ouvrir à l’inconnu, une rencontre nécessaire de l’autre mais aussi de soi-même.

Sur le chemin du cœur, qu’allais-je découvrir?

J’ignorais tout de cette expérience si ce n’est le sentiment presque impérieux de la vivre qui m’habitait depuis plusieurs mois, un cadeau, presqu’un rendez-vous.

Je me délestais au fil des kilomètres de mes attentes, de mes résistances, de mon discours intérieur pour me dépouiller et simplement être, offrir et découvrir, dans une confiance joliment enfantine.

J’ai ouvert la fenêtre sur mon âme et les masques sont tombés.

Je crois que nous avons planté des graines d’amour.

Tous les éléments de la terre et du ciel ont fusionné en une étoile, vivante, vibrante, circulant entre chacun de nous.

Le lieu était chargé de l’émotion d’êtres généreux, d’une fraternité certaine.

Je m’imprégnais de l’atmosphère familiale et chaleureuse de l’endroit et de ses hôtes.

La délicatesse s’était invitée dans chaque détail, des phrases inspirantes déposées ici et là, d’un livre de Bobin au bouquet de lavande.

La flemme de la bougie éclairait nos visages sans jamais s’éteindre.

Je n’imaginais pas à quel point, l’étincelle allumée en chacun d’entre nous continuerait de briller, bien après le voyage.

Nous pouvions nous y attarder et la contempler, nous apaiser, nous y nourrir aussi. Elle représentait le socle, solide qui nous accompagnerait le long de ces quelques jours.

Ici et maintenant, nous avons expérimenté la beauté dans la vulnérabilité.

Existe t’il plus belle intention que la compassion?

Le lien s’est tissé en fine dentelière révélant l’ombre et la lumière des lucioles. Chacune accueillant, en conscience ce merveilleux cadeau.

J’ai compris ce que voulait véritablement signifier accueillir avec courage ses émotions, explorer en son être, ses peurs et ses démons. Et j’y suis parvenue en partie grâce à l’unicité et à l’amour du groupe.

Être présent à ce qui est sans chercher à aller au delà.

Accueillir la vie dans chacune de nos cellules, ressentir les autres, être connecté à plus grand que soi.

Chacun d’entre eux était lumineux jusque dans le silence, partageant dans une danse, pudeur et ressentis. Chaque mot, pesé révélait l’émotion brute, dans un lien direct de la tête au cœur.

J’ai bien reçu tous vos Cadeaux et mon âme s’est ouverte, sans emballement, de la manière la plus juste et au service des autres, je l’espère.

Les larmes ont coulé, des heures durant sur le trajet du retour pour laisser place à l’étincelle.

Le regard bouleversant de Maiïlis, l’éclat de Johana, la touchante Joëlle, la profondeur de Nathalie, l’espièglerie d’Agnès, la finesse de Sandrine, l’incarnation d’Emmanuel, la délicatesse de Solène, la sagesse de Sandrine, la sensibilité d’Audrey, la magie de Violaine, la présence de Marion, la douceur de Cécile, la justesse de Benoît, l’amour de Francis.

Et dans la beauté de chacun de ces êtres, tout circule…

Peut-être avons nous touché la grâce?

Précieusement, merci.

Carole Hersent

Laisser un commentaire